Synthèse des actes du Sommet de l’économie sociale 2025 – Vision 2050
12 Décembre 2025
Le Sommet de l’économie sociale 2025 (Sommet, ci-après), tenu les 14 et 15 mai dernier à la TOHU à Montréal, a marqué une étape importante pour le mouvement – réunissant plus de 1 000 participants issus de l’économie sociale, du milieu entrepreneurial, communautaire, municipal, gouvernemental et des Premières Nations.
Le Sommet sur l’économie et l’emploi de 1996 représente un moment fondateur pour les EÉSAD. C’est à cette occasion, porté par une forte volonté citoyenne, qu’a été décidé la création d’un réseau d’entreprise d’économie sociale et aide à domicile pour répondre à un besoin important de services pour les personnes aînées et les familles, tout en offrant des emplois décents et valorisants à des femmes, jusque là trop souvent confinées à des conditions de travail précaires.
Près de trente ans après le Sommet de 1996, qui avait donné un élan déterminant à l’économie sociale et permis la création de solutions structurantes, le mouvement s’est de nouveau réuni pour réfléchir à son avenir. Les fondements qui l’animent, soit la gouvernance démocratique, l’ancrage territorial et le réinvestissement dans les communautés – demeurent au centre des actions et continuent d’inspirer les nouvelles générations d’entrepreneurs collectifs. Aujourd’hui, dans un contexte marqué par le vieillissement de la population, les besoins en matière de logement, la transition écologique et la lutte contre les inégalités – l’économie sociale se révèle plus essentielle que jamais.
Ces enjeux – qui furent au cœur des travaux – sont étroitement liés aux défis quotidiens rencontrés par les EÉSAD et ils témoignent de la volonté collective de renforcer une économie centrée sur le bien commun et la qualité de vie des populations. Les participants ont exprimé une vision ambitieuse fondée sur une transformation durable du modèle économique plutôt que sur une simple atténuation de ses enjeux.
L’un des principaux résultats du Sommet est l’adoption d’une Vision 2050, guide d’action qui affirme clairement la vocation transformatrice de l’économie sociale et son rôle de leadership dans l’évolution de l’économie québécoise. Cette vision en appelle à une mobilisation renouvelée et à l’engagement de toutes les organisations pour faire de l’économie sociale un levier incontournable du développement territorial et social.
L’importance de cette démarche a été reconnue officiellement par l’Assemblée nationale du Québec – qui a soulignée la tenue du Sommet et l’ampleur du travail préparatoire accompli. Les parlementaires ont réaffirmé :
- La pertinence des thématiques abordées pour bâtir une économie centrée sur le bien commun;
- La nécessité pour le gouvernement du Québec de soutenir activement l’économie sociale par des programmes adaptés;
- Le rôle de chef de file qu’occupe le Québec sur la scène internationale;
- Et l’importance pour le gouvernement de prendre connaissance des recommandations issue du Sommet et de les considérer dans l’élaboration de ses politiques publiques.
Pour les EÉSAD, ce Sommet réaffirme leur place incontournable dans un Québec en transition. Par leur contribution à la qualité de vie des personnes aînées, leur création d’emplois de proximité et leur participation au dynamisme des communautés, les EÉSAD sont au cœur de la Vision 2050 et de l’économie que nous souhaitons bâtir collectivement.
THÉMATIQUE PERSONNES AÎNÉES
Animation : David Carpentier, Force jeunesse
Interventions
- J. Benoit Caron, Réseau de coopération des EÉSAD
- Chantal Dubuc, Fédération québécoise des coopératives de santé
- Marie-Pier Langford, Fédération québécoise des coopératives de santé
- Sonia Vaillancourt, Conseil québécois du loisir
- Nancy Croussette, Réseau québécois des OSBL d’habitation
1. Contexte général
Le Sommet de l’économie sociale 2025 a réuni un large éventail de partenaires engagés dans l’amélioration des conditions de vie des personnes aînées au Québec. Au cœur de la discussion : la nécessité de bâtir une société où toutes les personnes âgées peuvent vieillir dans la dignité, dans le milieu de vie de leur choix, et participer pleinement à leur communauté.
Comme vous le savez, la pression démographique est sans précédents : d’ici 2050, plus de 27% de la population québécoise aura 65 ans ou plus. Déjà, la demande en soutien à domicile augmentera de 69% d’ici 2040, alors que le réseau public de répond actuellement à 10% des besoins. Par ailleurs, 49,2% des personnes aînées n’ont pas accès à un revenu convenable, ce qui rend difficile le maintien à domicile.
Dans ce contexte, l’économie sociale doit jouer un rôle accru pour offrir des solutions accessibles, de proximité, ancrées dans les territoires et adaptées aux réalités locales, en particulier en milieu rural, où l’accès aux services est plus limité.
2. Vision 2050
Les partenaires réunis au autour du Sommet ont formulé une vision commune :
En 2050, les personnes aînées vivront dignement dans le milieu de vie de leur choix, entourées de communautés inclusives et soutenues par des solutions innovantes issues de l’économie sociale.
Cette vision repose sur deux piliers :
- Accès universel à des services de proximité, des soins et des milieux de vie adaptés;
- Contribution active de l’économie sociale au développement territorialisé et à la cohésion sociale
3. Enjeux prioritaires identifiés
- Accessibilité aux services de proximité et aux soins de santé et d’aide à domicile, pour permettre aux aînés de rester chez eux, peu importe leur lieu de résidence;
- Participation sociale et inclusion, par la mise en place d’initiatives, lieux et mécanismes favorisant l’engagement des aînés;
- Développement de milieux de vie adaptés, intergénérationnels, abordables et bien intégrés à l’environnement, pour éviter les déménagements successifs et la précarisation.
Ces enjeux sont directement liés à la mission historique des EÉSAD, qui constitue un pilier du soutien à domicile au Québec.
4. Engagements du mouvement de l’économie sociale
Face à l’urgence démographique et à la marchandisation croissante des services aux personnes aînées, les partenaires s’engagent à accélérer le déploiement des services existants et à appuyer le développement de solutions innovantes sur l’ensemble du territoire.
Parmi les grands engagements :
4.1 Développer de nouveaux services et créneaux en santé
- Implantation d’un modèle d’offre de soins infirmiers à domicile via les coopératives de santé, à déployer dans toutes les régions;
- Développement de nouveaux services permis par l’actualisation du Code des professions.
4.2 Renforcer les partenariats territoriaux
- Création d’équipe mobiles d’animation en loisir pour briser l’isolement (Conseil québécois du loisir);
- Déploiement de la gériatrie sociale dans toutes les régions (Fondation AGES);
- Participation des organisations de l’économie sociale aux projets structurants de transport collectif adapté.
4.3 Développer de nouveaux leviers financiers
- Soutien à l’innovation sociale et technologique visant la réduction des coûts d’opération et l’amélioration de la prestation de services;
- Accélération des initiatives de mutualisation nationale.
4.4 Soutenir les projets d’habitation pour aînés
- Renforcement des capacités des coopératives et OBNL d’habitation, notamment les petits RPA en régions éloignées;
- Appuyer la réplication du modèle résidentiel PAX Habitat, fondé sur l’accessibilité, l’inclusion et la qualité du cadre de vie.3
5. Pistes de collaboration gouvernementale
Afin de concrétiser ces engagements, le mouvement de l’économie sociale propose plusieurs axes de collaboration :
- Avec le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie : favoriser le dialogue interministériel et l’innovation réglementaire pour soutenir les projets d’habitations intergénérationnels et multiusages;
- Avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, reconnaître les entreprises collectives comme partenaires privilégiés dans la prestation de services de santé;
- Avec les employeurs et syndicat du secteur de la santé : assurer un développement harmonieux respectant les conditions de travail de tous un chacun;
- Avec les MRC : réinventer le transport collectif pour répondre aux besoins régionaux.
En conclusion
L’économie sociale se déploie en complémentarité du système public, en offrant des services abordables, en réinvestissant les surplus dans le développement local et en générant un impact durable plutôt que le profit. Comme le souligne J. Benoit Caron, cette approche permet de protéger la dignité des personnes aînées, indépendamment de leur revenu ou de leur milieu de vie.
Grace à la mobilisation collective, il est possible d’imaginer un Québec où chaque personne aînée bénéficie de services accessibles, de milieux de vie adaptés et de conditions favorisant son épanouissement. Le Sommet du Chantier de l’Économie sociale marque une étape déterminante pour atteindre cette visi
THÉMATIQUE IMMOBILIER COLLECTIF
Animation : Taïka Baillargeon
Interventions
- Mélanie Courtois, Conseil des arts de Montréal
- Nancy Croussette, Réseau québécois des OSBL d’habitation
- Tommy Théberge, Association des groupes de ressources techniques du Québec
- Stéphan Richard, Centre de transformation du logement communautaire
- Sandra Turgeon, Confédération québécoise des coopératives d’habitation
- Gessica Gropp, Coalition montréalaise des Tables de quartier
- Chantal Bisson, Table nationale des corporations de développement communautaire
- Frédéric Léveillé Guillemette, ESSA
- Philémon Gravel, Entremise
- Sébastien Parent-Durand, Alliance des corporations d’habitation abordables du territoire du Québec
- Émilie Therrien, Hochelab
- Guillaume Brien, Fédération des coopératives d’habitation de l’Estrie
1. Contexte général
L’immobilier collectif occupe une place stratégique dans la Vision 2050 du mouvement de l’économie sociale. Dans un contexte où l’ensemble du Québec fait face à une crise aigüe de l’abordabilité, les coopératives et les OBNL souhaitent accroître significativement leur présence sur le marché immobilier. Leur objectif est ambitieux, soit d’atteindre 20% du parc de logements locatifs afin de maintenir les loyers accessibles, soutenir les ménages vulnérables et freiner la spéculation. Cela représente plus de 300 000 nouvelles unités à développer ou à préserver, un défi colossal.
Cette vision repose sur une conviction forte : l’immobilier collectif est un levier de transformation sociale, économique et territoriale. En misant sur la collaboration et les synergies entre organismes, les entreprises d’économie sociale peuvent capter rapidement les opportunités, développer des projets adaptés aux besoins locaux et requalifier le patrimoine bâti.
2. Enjeux prioritaires pour réaliser la Vision 2050
Les principaux freins ay développement de l’immobilier collectif incluent le manque d’outils pour agir rapidement sur les acquisitions stratégiques, l’absence de lieu de concertation efficaces, les contraintes réglementaires et la dispersion des ressources. Pour y répondre, le mouvement de l’économie sociale propose plusieurs actions ; créer des sociétés immobilières collectives, renforcer les compétences des gestionnaires par des formations spécialisées, favoriser la mutualisation et l’innovation, développer des outils financiers pour le prédémarrage, moderniser le cadre réglementaire et multiplier les collaborations territoriales.
Enfin, plusieurs orientations sont essentielles pour transformer durablement le secteur : diriger les investissements publics vers l’immobilier collectif, lever les barrières réglementaires qui freinent l’utilisation de l’équité accumulée, appuyer la mise à l’échelle des entreprises collectives, soutenir la création des sociétés immobilières pour locaux et résidences abordables, et de protéger la gouvernance démocratique des organismes.
La Vision 2050 imagine un Québec où l’immobilier collectif contribue au maintien de l’abordabilité, la revitalisation des quartiers et des villages, et à la sécurisation des milieux de vie – notamment pour les aînés.
3. Les EÉSAD et les acquisitions stratégiques
La crise du logement touche également les personnes âgées. De nombreuses résidences pour aînés sont dans une situation de précarité financière et menacés de fermeture, ce qui viendrait fragiliser et compromettre l’accès à des services de soutien à domicile essentiels. Les EÉSAD sont particulièrement bien positionner pour intervenir. Grâce à leur expertise en gestion collective et leur mission sociale, elles peuvent se porter acquéreurs de ces résidences afin de maintenir leur fonctionnement, assurer des loyers abordables et offrir des milieux de vie sécuritaires et adaptés aux besoins des aînés, tout en consolidant l’offre d’habitation.
Pour toute question sur cette note, vous pouvez écrire à l’adresse suivante pour que votre demande soit traitée dans les meilleurs délais : reseau@ressources.coop.