Chez moi pour la vie
21 juin 2020
Si on vous propose de recevoir du soutien pour vieillir chez vous ou de vieillir dans un centre d’hébergement, que choisirez-vous ?
Personnellement, je considère qu’il est préférable de continuer de vivre chez soi, le plus longtemps possible, là où nous avons nos habitudes, nos amis, nos voisins et nos souvenirs. Ce choix peut sembler évident. Nous sommes nombreux à le vouloir pour nous et pour nos proches. Comme vous, je pense que le vieillissement ou la perte d’autonomie ne devraient pas être synonymes de déménagement forcé.
Parfois, il nous faut quitter notre domicile, car notre état de santé exige des services et des soins importants. Dans ces situations, il est nécessaire d’avoir des établissements adaptés : CHSLD hier, Maisons des aînés demain. Mais pour 80 % des aînés du Québec qui peuvent rester chez eux, que proposons-nous ?
Malheureusement, alors qu’on n’a jamais autant parlé des aînés, le gouvernement ne semble pas avoir de plan pour ceux qui vivent à domicile. C’est pour cette raison que j’écris cette lettre. Parce que je sais que je ne suis pas le seul à vouloir rester chez moi pour la vie et à le vouloir pour tous les aînés.
Le soutien à domicile est un privilège au Québec, alors qu’il devrait être un droit. À moins d’avoir les moyens financiers d’obtenir de l’aide, nos choix sont limités lorsque la perte d’autonomie menace notre qualité de vie. Trop de Québécoises et de Québécois se voient obligés de quitter leur domicile, ce lieu qui leur ressemble et qui leur est cher, pour se retrouver en hébergement.
Certains d’entre nous, plus chanceux, pourront compter sur la solidarité. Leurs proches se transforment en aidants naturels, les habitations multigénérationnelles se multiplient, les organismes communautaires mobilisent leurs bénévoles, des colocations entre aînés voient le jour et les entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EÉSAD) s’efforcent de maintenir leurs tarifs accessibles. Cependant, d’autres se retrouveront seuls et sans ressources.
Heureusement que ces belles initiatives existent, car le nombre de personnes de plus de 65 ans augmente trop vite par rapport aux moyens dont dispose le réseau de la santé pour garantir leur qualité de vie. Sans un appui soutenu du gouvernement, cette solidarité se fragilise : les proches aidants s’épuisent, les bénévoles se font rares et les préposées d’aide à domicile manquent de reconnaissance.
J. Benoit Caron
Directeur général du Réseau de coopération des entreprises d’économie sociale en aide à domicile (EÉSAD)